Publié le 10 mai 2024

Contrairement à une idée reçue tenace, la classe préparatoire n’est plus l’unique voie royale vers l’excellence scientifique ; c’est une option parmi d’autres, chacune forgeant un profil de compétences différent.

  • Chaque filière (prépa, université, école post-bac) développe un « ADN de résolution de problèmes » distinct : analytique pour la prépa, exploratoire pour l’université, et appliqué pour les écoles post-bac.
  • La valeur d’un profil sur le marché du travail réside de plus en plus dans sa capacité à hybrider ces approches (ex: licence puis grande école, double-cursus médecin-ingénieur).

Recommandation : Analysez votre propre manière d’apprendre et la nature de votre ambition pour choisir la voie qui construira votre « capital scientifique » personnel, bien au-delà du prestige des classements.

Pour un excellent élève de terminale scientifique, la question de l’orientation ressemble souvent à un chemin tout tracé : la classe préparatoire aux grandes écoles (CPGE). C’est la voie du prestige, de l’exigence, celle qui semble garantir l’accès aux carrières les plus ambitieuses. Cette vision, bien que rassurante, est aujourd’hui incomplète. En tant que directeur de la recherche, je vois arriver dans mes équipes des talents exceptionnels issus de parcours très variés, et je peux vous assurer que le nom de l’école ou le passage par une prépa prestigieuse n’est plus le seul critère de valeur.

Les discussions se focalisent souvent sur la difficulté des concours, le coût des écoles ou les classements. Mais si la véritable clé n’était pas le chemin emprunté, mais plutôt le type de « cerveau » qu’il façonne ? L’enjeu n’est pas de savoir si vous êtes capable de survivre à la prépa, mais de déterminer quelle structure pédagogique — la rigueur analytique de la prépa, la liberté exploratoire de l’université ou le pragmatisme des écoles post-bac — forgera l’ADN de résolution de problèmes qui vous rendra unique et indispensable sur le long terme.

Cet article a pour but de dépasser les clichés pour vous offrir une grille de lecture stratégique. Nous allons analyser chaque grande voie non pas comme une fin en soi, mais comme une étape dans la construction de votre profil scientifique. L’objectif est de vous donner les moyens de faire un choix éclairé, aligné non seulement avec vos capacités, mais surtout avec la nature profonde de votre intelligence et de votre ambition.

Pour naviguer à travers les multiples options qui s’offrent à vous, cet article est structuré pour vous guider pas à pas, de la comparaison globale des filières aux stratégies de réussite spécifiques à chaque parcours. Explorez les sections qui vous concernent le plus pour construire votre propre feuille de route vers l’excellence.

Prépa, école post-bac ou licence : le comparatif pour choisir sa voie vers le diplôme d’ingénieur

La décision entre une CPGE, une école d’ingénieurs post-bac et une licence scientifique ne doit pas se résumer à un arbitrage entre prestige et sécurité. Chaque voie développe un « ADN de résolution de problèmes » fondamentalement différent. La prépa forge un esprit analytique et structuré, capable d’absorber une quantité massive de connaissances théoriques et de les appliquer dans un cadre compétitif. C’est l’école de la rigueur absolue. L’école post-bac, souvent plus orientée projet, développe un profil plus pragmatique, voire entrepreneurial, en immergeant rapidement l’étudiant dans des cas concrets et des stages. Enfin, la licence favorise un ADN exploratoire ; elle offre l’autonomie et le temps nécessaires pour approfondir un domaine par passion, développer une pensée critique et s’initier à la recherche fondamentale.

Le critère financier et le retour sur investissement sont bien sûr à considérer, mais ils doivent être lus à la lumière de ces profils. Une école privée onéreuse peut sembler un mauvais calcul face à une prépa quasi-gratuite, mais si son réseau et sa pédagogie par projet vous assurent une insertion rapide dans un secteur de niche, la « rentabilité intellectuelle » peut être supérieure.

Le tableau suivant offre une vue d’ensemble des coûts et salaires moyens, mais gardez à l’esprit que ces chiffres sont des médianes. L’excellence est possible dans chaque voie et c’est la cohérence de votre parcours qui déterminera votre valeur finale, comme le montre une analyse comparative des salaires d’ingénieurs.

Salaires et coûts des formations d’ingénieur
Type de formation Coût annuel moyen Salaire de sortie (brut/an) ROI indicatif
Prépa + École publique 184€ (prépa) + 601€ (école) 39 129€ Excellent
École post-bac privée 7 500€ à 12 000€ 38 500€ à 40 000€ Moyen
Licence + École via passerelle 170€ (licence) + 601€ (école) 37 000€ à 39 000€ Très bon
BUT + École en alternance 170€ (BUT) + 0€ (alternance) 38 000€ à 40 000€ Excellent

Enfin, il est crucial de comprendre que ces voies ne sont plus étanches. L’hybridation des parcours est de plus en plus valorisée. Un étudiant peut commencer en médecine, se découvrir une passion pour la technologie des dispositifs médicaux et bifurquer vers une école d’ingénieurs. C’est ce que permettent des parcours d’excellence comme le double cursus médecin-ingénieur.

Exemple de parcours hybride : le double cursus médecin-ingénieur

Le programme des Mines Saint-Étienne illustre parfaitement cette nouvelle fluidité. Il permet à des étudiants en 2e et 3e année de médecine de suivre un cursus préparatoire à distance. Après une césure de deux ans, ils intègrent le cycle Ingénieur Civil de l’école pour acquérir une double compétence extrêmement recherchée dans les medtechs, la bio-informatique ou la gestion d’établissements de santé. Ce type de profil, à la croisée des chemins, possède un capital scientifique unique.

MPSI, PCSI, PTSI, BCPST : quelle prépa scientifique est vraiment faite pour votre profil ?

Choisir « la prépa » est un abus de langage. Il faut choisir « sa » prépa. Chacune des grandes filières (MPSI, PCSI, PTSI, BCPST) est conçue pour un type d’esprit scientifique différent. La MPSI (Mathématiques, Physique et Sciences de l’Ingénieur) s’adresse aux passionnés d’abstraction, ceux qui aiment la beauté d’une démonstration mathématique. Elle est la voie royale pour les écoles les plus théoriques comme l’X ou les ENS. La PCSI (Physique, Chimie et Sciences de l’Ingénieur) est plus équilibrée et expérimentale ; elle attire les profils qui aiment comprendre le monde concret, de la chimie des matériaux à la thermodynamique. C’est un excellent choix pour les grandes écoles d’ingénieurs généralistes ou spécialisées en chimie.

La PTSI (Physique, Technologie et Sciences de l’Ingénieur) est la filière des « bâtisseurs ». Avec un fort accent sur les sciences de l’ingénieur et la technologie, elle est idéale pour ceux qui aiment concevoir, modéliser et comprendre les systèmes mécaniques et industriels, visant des écoles comme Arts et Métiers. Enfin, la BCPST (Biologie, Chimie, Physique et Sciences de la Terre) est la prépa du vivant et des géosciences. Elle s’adresse aux esprits curieux de la complexité biologique et environnementale, et prépare principalement aux écoles d’agronomie, de vétérinaire et de géologie. La sélectivité y est très forte, avec des établissements comme Henri IV ou Sainte-Geneviève en tête des classements.

Étudiant en prépa scientifique manipulant du matériel de laboratoire dans un environnement d'apprentissage moderne

Au-delà des matières, c’est la culture de travail qui diffère. Le « taupin » en MPSI développe une capacité de travail et une vitesse de raisonnement hors normes sur des problèmes abstraits. Celui de PTSI apprend à faire le pont entre la théorie et la réalisation concrète. L’élève de BCPST, lui, doit maîtriser à la fois une rigueur quasi-mathématique et une grande capacité de synthèse face à la complexité du vivant. Votre choix ne doit donc pas se baser uniquement sur votre matière préférée, mais sur le type de problèmes que vous aimez résoudre. C’est ce qui définira la coloration de votre « ADN de résolution de problèmes ».

L’université, une voie royale pour les futurs scientifiques : découvrez les filières d’excellence méconnues

L’université souffre d’une image déformée, souvent perçue comme une voie par défaut pour ceux qui n’ont pas eu ou n’ont pas osé la prépa. C’est une erreur d’analyse profonde. Pour les profils autonomes, curieux et passionnés par la compréhension fondamentale des phénomènes, l’université est une voie d’excellence qui offre une liberté intellectuelle et un temps long que la prépa ne permet pas. C’est le terreau idéal pour forger un « ADN exploratoire », celui des futurs chercheurs, mais aussi des ingénieurs R&D capables d’innovation de rupture.

Loin de l’image des amphis surchargés, il existe des filières universitaires très sélectives et prestigieuses. Les doubles licences (Maths-Info, Physique-Chimie…) offrent un niveau d’exigence comparable à celui d’une CPGE, avec une ouverture pluridisciplinaire en plus. Les Cursus Master en Ingénierie (CMI) sont des formations en 5 ans, labellisées et adossées à des laboratoires de recherche, qui forment des ingénieurs-experts par une pédagogie de projet. Enfin, les magistères sont des formations d’excellence en 3 ans qui préparent à la recherche ou à des postes d’experts de haut niveau.

Certains parcours sont même conçus comme des alternatives directes aux voies classiques, offrant une flexibilité unique.

Alternative à la prépa et à médecine : Le Cycle PDIS des Mines Saint-Étienne

Unique en France, le cycle Préparatoire et Diplômant en Ingénierie et Santé (PDIS) est une formation post-bac en 2 ans. Il s’adresse aux élèves qui hésitent entre ingénierie et santé. À l’issue du cycle, les étudiants ont une double opportunité : soit poursuivre en cycle ingénieur à l’école, soit intégrer directement la deuxième année de médecine (PASS/LAS) sans passer de concours. C’est un exemple parfait de filière universitaire d’excellence qui crée des ponts.

L’université n’est pas une voie passive. Elle demande de la proactivité. Un étudiant brillant en licence peut transformer son parcours en une véritable « prépa personnelle » et viser les mêmes grandes écoles que ses camarades de CPGE via les admissions sur titre (AST), qui représentent une part croissante des promotions.

Votre plan d’action pour faire de l’université un tremplin d’excellence

  1. Contactez les laboratoires : Dès la L2, proposez votre aide pour des stages d’observation ou des petits projets. C’est la meilleure façon de vous faire remarquer et de comprendre la recherche de l’intérieur.
  2. Optimisez vos options (UE) : Choisissez vos unités d’enseignement optionnelles de manière stratégique pour construire une sur-spécialisation dans un domaine porteur (IA, science des données, matériaux…).
  3. Visez les admissions parallèles : Renseignez-vous dès la L1 sur les procédures d’admission sur titre des écoles d’ingénieurs. Un excellent dossier de licence est un sésame très puissant.
  4. Explorez les CMI et magistères : Identifiez ces filières d’excellence dans votre domaine. Elles offrent un encadrement renforcé et une forte connexion avec le monde de la recherche et de l’entreprise.
  5. Construisez votre réseau : Participez aux séminaires, conférences et journées portes ouvertes des laboratoires de votre université. Discutez avec les doctorants et les professeurs.

Les métiers d’ingénieur de demain : les spécialités à choisir pour être sûr de trouver un emploi

Choisir sa formation, c’est aussi anticiper les besoins du monde de demain. Le diplôme d’ingénieur reste un passeport quasi-universel pour l’emploi, avec un marché particulièrement dynamique. En effet, le salaire médian des ingénieurs a augmenté de 6,7% en 2023, atteignant 64 000 euros bruts annuels, signe d’une forte demande pour ces compétences. Cependant, toutes les spécialités ne se valent pas face aux grandes transitions écologique, numérique et énergétique.

Plusieurs domaines se détachent comme étant particulièrement porteurs pour les dix prochaines années. L’intelligence artificielle et la science des données sont en tête de liste. Les entreprises de tous les secteurs recherchent des ingénieurs capables de développer des algorithmes, d’analyser des données massives et de créer de la valeur à partir de l’information. La cybersécurité est un autre secteur en tension critique, la protection des systèmes d’information étant devenue un enjeu stratégique majeur pour les États et les entreprises.

Ingénieure travaillant sur des projets d'innovation technologique dans un environnement de laboratoire futuriste

La transition écologique ouvre également un immense champ d’opportunités. Les ingénieurs en énergies renouvelables (solaire, éolien, hydrogène), en efficacité énergétique des bâtiments ou en économie circulaire sont et seront de plus en plus recherchés. De même, le domaine de la santé et des biotechnologies est en pleine explosion, avec des besoins en ingénieurs pour concevoir des dispositifs médicaux innovants, travailler sur la thérapie génique ou optimiser la production de biomédicaments. Enfin, des domaines plus classiques comme l’aéronautique et le spatial continuent d’innover et de recruter massivement, notamment sur les enjeux de décarbonation et de nouveaux services satellitaires.

Choisir une de ces spécialités, c’est investir dans un « capital scientifique » dont la valeur est amenée à croître. Cela ne signifie pas qu’il faille ignorer ses passions, mais il est stratégique de chercher comment les aligner avec ces grandes tendances de fond.

Comment devenir trader ou consultant en stratégie avec un diplôme d’ingénieur

Le diplôme d’ingénieur est souvent associé à des métiers techniques dans l’industrie. Pourtant, il ouvre la porte à des carrières très différentes et prestigieuses, notamment dans la finance de marché et le conseil en stratégie. Pourquoi ces secteurs recrutent-ils massivement des ingénieurs ? Parce qu’ils recherchent avant tout l’« ADN de résolution de problèmes » forgé dans les meilleures formations scientifiques : une capacité à structurer une pensée complexe, une rigueur analytique à toute épreuve et une aptitude à modéliser des situations incertaines.

Pour devenir trader quantitatif (« quant ») ou structureur, un ingénieur issu d’une formation très poussée en mathématiques et en informatique (type MPSI/MP, double licence Maths-Info) est un profil idéal. Sa maîtrise des modèles stochastiques, de l’optimisation et de la programmation est directement applicable à la création de stratégies de trading algorithmique ou à la tarification de produits financiers complexes. Les salaires y sont très élevés, mais la pression est immense et la compétition féroce.

Le conseil en stratégie est une autre voie très prisée. Les grands cabinets (McKinsey, BCG, Bain…) apprécient les ingénieurs pour leur capacité à décomposer un problème business en sous-parties logiques, à analyser des données pour en tirer des conclusions factuelles et à travailler de manière intensive et structurée. Les statistiques le confirment : un quart des ingénieurs de la promotion 2024 ont intégré une société de conseil. Pour réussir dans cette voie, les « soft skills » (communication, leadership, sens du client) sont tout aussi importants que les compétences techniques. Il est donc crucial de s’investir dans la vie associative de son école (Junior-Entreprise, associations de débat…) pour développer ces aptitudes.

Ces parcours ne sont pas réservés à une élite sortie de l’X ou de Centrale. Un excellent étudiant issu d’une bonne école post-bac ou d’un parcours universitaire d’excellence (magistère, CMI) avec les bons stages et un projet clair peut tout à fait intégrer ces secteurs. La clé est d’anticiper : choisir les bonnes options, viser des stages en M&A ou en Private Equity, et préparer intensément les entretiens qui sont très spécifiques (études de cas, questions techniques).

Le « combo » de spécialités idéal pour viser une prépa, des études de santé ou Sciences Po

La réforme du bac a donné plus de liberté aux lycéens, mais elle a aussi rendu les choix de spécialités plus stratégiques que jamais. Il n’y a plus de « voie S » obligatoire, mais il existe des combinaisons qui maximisent objectivement vos chances d’accéder aux filières les plus sélectives. En tant que recruteur, je ne regarde pas seulement les notes, mais la cohérence du « portefeuille de compétences » que vous avez commencé à construire dès la Première.

Pour viser les prépas scientifiques les plus exigeantes (MPSI, PCSI), le duo Mathématiques + Physique-Chimie en Terminale est quasi-incontournable. Y ajouter l’option Maths Expertes est un signal extrêmement fort envoyé aux comités de sélection ; c’est presque un prérequis non-dit pour les prépas du top 10. Pour la prépa BCPST, le trio Maths + Physique-Chimie + SVT est le plus sécurisant, bien qu’un excellent dossier avec le duo SVT + Physique-Chimie (et un bon niveau en maths suivi en option) puisse passer.

Si votre projet s’oriente vers les études de santé (PASS/LAS), la logique est différente. La spécialité SVT est évidemment centrale, couplée à la Physique-Chimie. Cependant, conserver la spécialité Mathématiques est un avantage considérable, non seulement pour les épreuves de biostatistiques mais aussi comme preuve de rigueur. Une combinaison plus originale comme SVT + HLP (Humanités, Littérature, Philosophie) peut aussi être un atout pour se démarquer, en montrant une capacité de réflexion éthique qui est de plus en plus valorisée dans les métiers du soin.

Enfin, n’oubliez pas que le diplôme d’ingénieur ouvre des portes vers des doubles compétences. Si vous envisagez une carrière à l’intersection de la technologie et du business (ingénieur d’affaires, ingénieur-manager), le duo Maths + SES (Sciences Économiques et Sociales) est un choix très pertinent et valorisé pour intégrer certaines écoles post-bac ou pour argumenter un projet de double diplôme plus tard. Chaque choix de spécialité est une brique dans la construction de votre futur « capital scientifique ».

PASS ou LAS : quelle voie choisir pour maximiser vos chances d’entrer en études de santé ?

La réforme de la première année de médecine a remplacé la PACES par deux voies distinctes : le Parcours d’Accès Spécifique Santé (PASS) et la Licence avec option Accès Santé (LAS). Le choix entre les deux est cornélien et doit être basé sur une auto-évaluation honnête de votre profil et de votre projet. Le PASS est une année focalisée sur les matières de santé avec une « mineure » d’une autre discipline. C’est la voie qui ressemble le plus à l’ancienne PACES : si vous êtes absolument certain de vouloir faire médecine et que vous avez une grande capacité de travail, c’est probablement le choix le plus direct.

La LAS, en revanche, est une licence classique (ex: Droit, Biologie, Lettres) avec une « option santé » en plus. La charge de travail est double, mais cette voie offre une sécurité bien plus grande. Si vous réussissez votre licence mais pas l’accès en santé, vous continuez en L2 de cette licence. Si vous échouez en PASS, la réorientation est plus complexe. La LAS est donc idéale pour les étudiants qui, tout en étant très motivés par la santé, souhaitent se garder une porte de sortie solide ou sont intéressés par une autre discipline.

Pendant longtemps, le PASS était perçu comme la voie principale, mais la tendance s’inverse. En effet, pour garantir l’équité, la moitié des places en deuxième année de médecine, maïeutique, odontologie, pharmacie et kinésithérapie (MMOPK) sont désormais réservées aux étudiants issus de LAS dans de nombreuses universités depuis 2023. Cela fait de la LAS une option stratégiquement tout aussi viable, voire plus sûre.

Le tableau suivant synthétise les critères clés pour vous aider à prendre votre décision, en vous basant sur une analyse approfondie des deux parcours.

PASS vs LAS : critères de choix
Critère PASS LAS
Profil idéal Certain de vouloir faire médecine Veut garder une porte de sortie
Charge de travail Majeure santé intensive Double charge : licence + option santé
Possibilité de redoublement Non Oui
Réorientation si échec Vers LAS2 si moyenne >10/20 Poursuite en licence classique
Places réservées MMOPK 50% dans de nombreuses universités 50% depuis 2023

À retenir

  • L’excellence scientifique a plusieurs visages : la prépa n’est qu’une voie parmi d’autres, aux côtés de l’université et des écoles post-bac.
  • Votre choix doit être guidé par votre « ADN de résolution de problèmes » : analytique (prépa), exploratoire (université) ou pragmatique (école post-bac).
  • Les parcours ne sont plus étanches. L’hybridation des compétences (ex: licence + grande école, médecin-ingénieur) est un atout majeur sur le marché du travail.

Réussir sa première année de santé (PASS/LAS) : bien plus qu’une question de bachotage

Réduire la première année des études de santé à une simple épreuve de mémorisation est l’erreur la plus commune et la plus dangereuse. Bien sûr, la quantité de connaissances à assimiler est colossale. Mais les étudiants qui réussissent ne sont pas seulement ceux qui ont la meilleure mémoire ; ce sont ceux qui développent une stratégie de travail, une endurance mentale et une gestion du stress de niveau athlétique. Le véritable enjeu n’est pas d’apprendre, mais de « savoir apprendre » sous une pression extrême.

Le bachotage pur et simple mène à l’épuisement et à l’oubli. Les méthodes d’apprentissage actif, comme la technique de la répétition espacée (via des outils comme Anki) ou l’auto-explication (reformuler un cours avec ses propres mots), sont infiniment plus efficaces. Il faut voir cette année non pas comme un sprint, mais comme un marathon. Cela implique de savoir gérer son énergie : planifier des pauses, maintenir une activité physique, et ne surtout pas sacrifier son sommeil de manière chronique.

La dimension psychologique est centrale. Le sentiment d’isolement, la comparaison permanente avec les autres et la peur de l’échec sont des ennemis redoutables. S’appuyer sur les services d’aide psychologique universitaires (BAPU) n’est pas un signe de faiblesse, mais une preuve de maturité. La réforme a aussi introduit un filet de sécurité crucial, comme le rappelle un étudiant en médecine :

La LAS peut être redoublée mais pas la PASS. L’objectif est de ne plus avoir le redoublement qu’on avait en PACES. Si on a raté le PASS, on peut se réorienter en LAS pour commencer une autre voie. Il y a toujours une deuxième chance en LAS.

– Étudiant en médecine interviewé, Thotis Media

Cette perspective change tout : l’échec n’est plus une impasse, mais une réorientation. Comprendre cela permet d’aborder l’année avec moins d’angoisse et plus de lucidité. Depuis la réforme, un peu plus de 15 000 places ont été ouvertes en deuxième année d’études de santé à la rentrée 2023-2024, mais la compétition reste intense. La différence se fait donc sur la méthode et le mental.

Pour transformer cette année d’épreuves en une réussite, il est essentiel de comprendre que le succès repose autant sur la stratégie que sur le savoir.

En définitive, le choix de votre parcours scientifique post-bac est la première décision stratégique de votre carrière. Ne la subissez pas en suivant la voie qui vous semble la plus évidente ou la plus prestigieuse. Prenez le contrôle en analysant objectivement les forces et les faiblesses de chaque filière, non pas dans l’absolu, mais par rapport à votre propre profil. L’étape suivante consiste à évaluer honnêtement votre manière d’apprendre, votre résistance à la pression et la nature de votre ambition pour construire le parcours qui fera de vous un scientifique accompli et unique.

Rédigé par Camille Laurent, Camille Laurent est diplômée d'une grande école de commerce parisienne et a plus de 10 ans d'expérience en conseil en stratégie. Elle offre un regard de l'intérieur sur les classes préparatoires, les concours et les clés pour maximiser la valeur de son diplôme.